Propositions pour un urbanisme humain et durable
Est-il bien raisonnable de continuer à "construire la ville sur la ville" ?
L’Eurométropole de Strasbourg (EMS) figure parmi les métropoles les plus denses de France, comme le révèle l’observatoire des territoires. Avec 491 409 habitants et une superficie de 337, 61 km2, l’EMS a une densité de 1455 habitants au km².
De plus, sur les 33 communes de la métropole, 9 sont considérées par l’INSEE comme « espaces densément peuplé ». Seules 781 communes en France sont classées dans cette catégorie, représentant 2,2% des communes françaises.
Avec une telle densité, l'objectif du Plan local Urbanisme (PLU) de l’EMS qui prévoit à l'horizon 2030 la construction de 45 000 logements pour une augmentation de 50 000 personnes, est insensé . Pourtant, le PLU a été approuvé à une large majorité rassemblant des élus de droite, de gauche et écologistes le 16 décembre 2016 par le conseil de l’Eurométropole par 77 voix pour, une voix contre et neufs abstentions.
Un urbanisme densifié pour satisfaire les appétits financiers
Concevoir une telle densité de population ne peut qu’accentuer la dégradation de la qualité de vie pour les habitants de l’EMS par les nuisances suivantes :
- embouteillage et pollution de l'air.
- nuisances sonores.
- bétonisation et médiocre qualité esthétique des bâtiments.
- hausse du coût du foncier et des services publics.
- insécurité et incivilités.
Faire croire que densifier sans limite la ville, permet de lutter efficacement contre le désastreux étalement urbain, est une tromperie. Cette forme d’urbanisme répond de fait aux exigences de la finance, qui investit toujours plus dans l’immobilier comme le montrent les études récentes. Outre les nuisances qui touchent à la santé publique, il en résulte une standardisation architecturale et urbanistique, des ségrégations spatiales et des relégations sociales, contraire à l’intérêt général humain et à son écosystème.
Plutôt que de densifier en centrant sur des "métropoles" pour accentuer la concurrence, mieux vaut planifier la complémentarité et le développement autocentré de toutes les communes
Il s’agit donc de s’attaquer à la racine des problèmes en stoppant la spéculation foncière :
- par une rédaction adaptée du règlement écrit du PLU et des orientations d’aménagement et de programmation (OAP).
- par la mise en œuvre d’une politique énergique et ambitieuse du logement à l’échelle de l’EMS en utilisant les prérogatives de l’Office Foncier Solidaire d‘Alsace créé le 29 novembre 2019.
- par une planification régionale œuvrant à l’égalité des territoires par un développement autocentré des communes d’Alsace, en rupture avec la métropolisation des territoires. Il est à regretter d’ailleurs l’absence de choix clairs en la matière dans le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité (SRADDET) adopté le 24 janvier 2020 par le conseil régional
C’est ainsi qu’il sera possible, sans grever les finances des collectivités locales, de promouvoir un urbanisme durable, respectueux de l’environnement et conforme aux besoins humains.