Les 12 et 23 septembre, deux dates pour une même mobilisation, contre la casse du droit du travail (Editorial du Parti de Gauche)
L’édito
PRENONS LA RUE CONTRE LE COUP D’ETAT SOCIAL !
Dès ce 12 septembre, nous participerons aux manifestations syndicales contre les ordonnances de casse du code du travail et nous préparerons la marche du 23 septembre initiée par la France insoumise. Notre objectif est clair : construire un rapport de force majoritaire dans le peuple pour bloquer le coup d’état social à l’œuvre !
Les conséquences des contre-réformes néolibérales n’avaient jamais été présentées dans toute leur ampleur aux électrices et électeurs. Les ordonnances Macron provoquent une rupture du fondement de l’ordre social. Elles confirment l’inversion de la hiérarchie des normes et la fin du principe de faveur. Les CDD ne seront plus encadrés par la loi mais négociés dans les 700 branches ! Les primes ne relèveront plus des accords de branches mais pourront être renégociées entreprise par entreprise : c’est une baisse généralisée des salaires et une précarisation galopante qui se préparent avec en plus le CDI de projet ! Les délocalisations seront de facto encouragées, les licenciements facilités et la fusion des instances de représentation du personnel comme les référendums d’entreprise ne visent qu’à briser les libertés syndicales et la capacité des salariés à se défendre contre les chantages à l’emploi de demain !
Le Président des riches réserve 46% des baisses d’impôts aux 10% des plus riches, en commençant par supprimer l’ISF des actionnaires, et s’en prend aux plus faibles via la baisse des aides au logement et la suppression des contrats aidés. C’est un immense plan national de licenciement menaçant la pérennité déjà si fragile du mouvement associatif, qui va impacter nombre de structures de l’économie sociale et solidaire et désorganise d’ores et déjà la rentrée scolaire dans de nombreux départements.
Le Medef, qui rêve depuis 1945 de briser tous les acquis du Conseil National de la Résistance, a en Macron un valet aussi fidèle que le présageait le programme de Fillon. L’étatisation de l’assurance chômage, la fiscalisation de la sécurité sociale par la hausse de la CSG constituent d’autres axes essentiels des contre-réformes néolibérales tant attendues par le patronat. Tandis que la promesse électorale d’une hausse du pouvoir d’achat des fonctionnaires est déjà trahie via le gel du point d’indice et la réinstauration du jour de carence, le prochain budget s’annonce être une nouvelle saignée d’austérité. Pour achever ce tableau déjà si sombre, le patrimoine national va faire l’objet de nouvelles liquidations par privatisations. Comble du cynisme de la novlangue libérale, ce sera pour financer « l’innovation », alors qu’il ne s’agit que de la mise en exécution de toutes les vieilles recettes libérales.
Et le choix de la méthode est clair : bâillonner le Parlement en passant par les ordonnances, faire croire à un « dialogue social » en se refusant à de réelles négociations simultanées avec l’ensemble des organisations syndicales, et insulter les « riens », les « fainéants » et les « cyniques » qui oseront s’opposer. Mais le Président des riches est néanmoins très faible.
Au plus bas dans les sondages, sa cote d’impopularité si peu de temps après l’élection bat tous les records des Présidents de la 5e République. Lui qui n’avait rassemblé que 18% des inscrits au premier tour de l’élection présidentielle avec un pourcentage encore plus faible d’adhésion à son programme, n’a aucune majorité sociale dans le pays pour mener cette politique qui ne sert que les intérêts d’une minorité d’ultra-riches.
Sa majorité à l’Assemblée nationale peut sembler écrasante numériquement, elle est très faible politiquement. Très peu présents dans les débats, nombre de députés LREM regrettent déjà leur choix de carrière, quand on ne les retrouve pas dans des histoires abracadabrantesques d’agressions à coup de casques de moto ou de petits commerces lucratifs de visites de l’Assemblée. Rien d’étonnant à cela, tellement la base sociale et culturelle des supporters du projet de la “start-up nation” ne peut qu’être éloignée de l’éthique républicaine. Il ne lui reste plus que le parti des médias dont le catéchisme pro-Macron et la violence à l’égard des insoumis semblent intarissables mais pour autant bien répétitifs, à coup de « Venezuela ! »....
Face à Macron et sa majorité, la France insoumise a réussi à s’imposer comme LA force d’opposition, grâce notamment au travail remarquable de son groupe à l’Assemblée et à la crédibilité de son programme alternatif. Ce fut la seule force en capacité d’organiser des grandes rencontres d’été. La réussite tant du point de vue de la participation que de la richesse de son contenu et la diversité de la forme des AmFIs d’été de Marseille a été saluée par nombre de médias pourtant rarement promptes aux compliments à notre égard. La jeune force politique lancée dans les campagnes présidentielle et législatives que constitue la France insoumise poursuit sa construction par l’action et ne cesse de surprendre. Et la tâche à venir est de contribuer à la réussite de la marche du 23 septembre afin de créer les conditions du rapport de force dans la rue pour mettre en échec Macron et son monde.
C’est non seulement nécessaire, mais c’est aussi possible. Le CPE a bien été abrogé en 2006 après la promulgation de la loi devant l’importance de la mobilisation sociale de la jeunesse. Une mobilisation populaire massive pourrait aussi conduire l’exécutif à faire le choix du recours à la dissolution de l’Assemblée nationale et à des élections anticipées bien avant la fin du quinquennat. Le pouvoir de « Toutenmacron » est de fait instable et de nombreux événements peuvent accélérer et bousculer le calendrier institutionnel prévu.
La marche du 23 septembre doit permettre de fédérer l’ensemble des colères contre l’illégitimité et l’injustice de ces politiques. L’invitation est adressée à toutes et tous, salarié.e.s, retraité.e.s, jeunes, syndicalistes, militant.e.s politiques, associatifs ou simple citoyen.ne.s. Chacune et chacun est invité.e à y participer, avec ses mots d’ordre, avec ou sans ses drapeaux.
Le Parti de Gauche entend y prendre toute sa part, par l’implication de ses militant.e.s dans les actions des groupes d’appui, par son travail unitaire dans de nombreux secteurs en lutte. « Le peuple doit déferler sur la Bastille » et prendre ainsi conscience de sa légitimité, de sa force majoritaire !