François Ruffin en soutien à Strasbourg et Kolbsheim : NON à une Europe des camions !

Publié le par J.C. VAL

Où Kolbsheim mute en "Vincigehheim" : imposible à prononcer pour François !

Où Kolbsheim mute en "Vincigehheim" : imposible à prononcer pour François !

Massacre à la tronçonneuse : quand la réalité dépasse la fiction !

Cette semaine a lieu à Strasbourg le Festival Européen du Film Fantastique. Ce n'est pourtant pas dans ces douillettes salles obscures que vous pourrez voir une rétrospective de « Massacre à la tronçonneuse », mais bien à Kolbsheim, dans la forêt du Krittwald. Et ce massacre entamé au petit matin du lundi 10 septembre est parfaitement visible depuis la colline qui surplombe cette dense forêt (du moins ce qu’il en reste), en bordure ouest du village. De la violence, de l'angoisse, et des antagonistes dénués de tout sens moral, les fans du genre seront ravis. Sauf qu'il ne s'agit pas là de fiction...

 

Les lutins du Krittwald protègeant la forêt de Kolbsheim ... des vilains mutins de la ZAD du Moulin !

Les lutins du Krittwald protègeant la forêt de Kolbsheim ... des vilains mutins de la ZAD du Moulin !

"Une violence d’Etat très préoccupante. Aujourd’hui, c’est la force brute qui prévaut"

Tous les reportages du matin de cette violente exécution (les DNA qui étaient présentes sur place dès 05 heures en ont filmé plusieurs scènes) montrent la brutalité avec laquelle la « ZAD du Moulin » a été évacuée par les pelotons de gendarmerie mobile qui n’ont pas hésité à user de gaz alors qu'il n'y avait aucun signe de violence manifesté par les citoyens rassemblés pour protéger leur commune et sa forêt du Krittwald. Des lacrymogènes projetés à pleine face, y compris devant des personnes âgées et à mobilité très réduite, telle la vaillante (quasi) nonagénaire de Kolbsheim, Germaine.

Germaine, bien encadrée mais bousculée sans ménagements

Germaine, bien encadrée mais bousculée sans ménagements

Ou encore face aux élus venus s’interposer pour demander un arrêt de cette charge brutale dans l’attente des jugements en référés, procédures engagées notamment par l’association « Alsace nature ». Que ce soit le maire de Kolbsheim, Dany Karcher, ou la députée de la circonscription (pourtant LReM), Martine Wonner qui avait demandé un moratoire d’exécution de quelques jours dans l’attente du jugement en référé car elle estimait que «  le 19 septembre, le tribunal administratif peut encore faire cesser les travaux.".

Ce fut également le cas de la députée (Les verts) et présidente de la Commission des transports au Parlement européen Karima Delli.

Toutes et tous, avec plus ou moins d’intensité et de proximité, ont essuyé les gaz lacrymogènes employés en toute disproportion donc sans justification par les brigades de gendarmerie. Ce qui a fait dire à Maurice Wintz, le président d’Alsace Nature : « Par rapport aux années 1990, il y a aujourd’hui une violence d’Etat très très préoccupante. Aujourd’hui, c’est la force brute. » (Repris de « Reporterre », 11 septembre 2018, Guillaume Krempp, journaliste)

Des recours suspensifs auprès du Tribunal Administratif ... qui ne suspendent pas le passage en force

Malgré les avis négatifs officiels relatifs aux compensations environnementales d’instances étatiques (Conseil national de protection de la nature, agence de la biodiversité, autorité environnementale) et l’avis défavorable des deux enquêtes publiques qui en résultent à l’été 2018, le préfet du Bas-Rhin et de la Région Grand-Est, Jean-Louis Marx, a pourtant validé le projet fin août. En signant les arrêtés autorisant les travaux, comme s’il fallait installer une situation irréversible avant que les procédures judiciaires (dont trois suspensives) ne soient abouties et leurs jugements rendus, vers la fin septembre.

 

Comment faut-il le leur dire ? Visiblement, ne comprennent pas la langue du pays !

Comment faut-il le leur dire ? Visiblement, ne comprennent pas la langue du pays !

Projet mité, Europe trouée !

C’est bien un vieux projet, du début des années 70 où l’automobile était triomphante et gourmande de rubans d’asphalte qui puissent lui permettre de se mouvoir à vitesse croissante. Un projet qui n’avait pourtant été déclaré d’utilité publique qu’en janvier 2008, et pour 10 ans seulement. L’échéance tombant en 2018 … il fallait faire vite !

Mais un projet qui avait été annulé par le gouvernement Ayrault-Hollande juste après sa prise de fonction en 2012.

Un projet toutefois relancé fin 2013, sous la pression des pouvoirs économiques locaux et de la droite locale, bien évidemment dans le cadre de cette « Europe des marchés » que l’on nous vante comme la seule « Unité » possible.

Une Europe de la production segmentée, où les usines s’envoient pièces détachées et produits finis, ouverte à une « concurrence libre et non faussée » jusque dans la location de main d’œuvre via les « travailleurs détachés ». Une Europe démembrée dans sa cohérence par les traités de libre-échange successifs : TAFTA, TTIP, CETA, JEFTA … TCE rebaptisé en 2008 « Traité de Lisbonne » après avoir été démocratiquement rejeté, lors du référendum de 2005 par près de 55% des électeurs français. Une organisation européenne (et mondiale) de la production et de la distribution qui développe la stratégie dite « 0 stocks » … quand tous ces stocks se retrouvent en fait dans les remorques des camions européens. Donc sur les routes et autoroutes qui viennent bétonner et asphalter les abords immédiats des villes engorgées de véhicules individuels et de marchandises, autant que le fond des campagnes les plus fertiles et véritables poumons des villes.

 

Où la veste se porte côté doublure. Merci, monsieur le Maire (de Strasbourg) !

Bref, on le voit, des revirements politiques ces dernière années qui ont achevé de dévoiler les sinuosités kafkaïennes de la situation, déroutant simultanément les riverains et les associations de protection de la nature qui se sont vus impuissants, devant des autorités publiques allant jusqu’à user de leur culpabilisation pour faire passer la pilule. En faisant bien évidemment jouer l’intérêt des strasbourgeois, les plus nombreux, contre celui des habitants des communes de la couronne ouest qui devaient ainsi « accepter » le sacrifice … pour soulager la grande majorité des riverains de l’A35 qui supportent actuellement l’essentiel des nuisances.

C’est ainsi que le Maire de Strasbourg lui-même, jusqu’alors opposé à ce GPII (Grand projet Inutile et Imposé), retourne sa veste et ne respecte plus ses engagements de campagne électorale de 2014. Un contrat de concession de 54 ans est en effet signé début 2016 avec Arcos, filiale de Vinci, redonnant force à ce funeste projet. Mais … la « grande coalition » entre la pseudo-gauche et la droite traditionnelle pour conserver la Présidence de l’Eurométropole est passée par là ! Ce qui permettait simultanément de stabiliser les relations difficiles entre le Maire de Strasbourg, Roland Ries, et le Président de la Communauté Urbaine, Robert Hermann tout en contentant les Nombreux Vice-présidents de l’Eurométrople, qu’ils soient de droite molle (le Maire d’Ostwald, encore Ps, lui-même ayant rejoint sans débat interne au Conseil Municipal la voie du GCO !), ou de droite classique.

 

Les "croqueuses de Vinci" ont les dents bien acérées !

 

Et dès le lundi 11 septembre, aux premières heures et sous la protection brutale des forces du désordre, « les croqueuses de Vinci » ont commencé leur œuvre « sylviphage » dans la forêt du Krittwald, loin de nous dessiner une silhouette de sylphide dans ce magnifique paysage de Kolbsheim et sa vallée de la Bruche langoureuse !

Qu'elle était verte ma vallée ! Merci patron Vinci !

Qu'elle était verte ma vallée ! Merci patron Vinci !

Robin des Bois à l'écoute : quand Fakir mène l'enquête

François Ruffin en soutien à Strasbourg et Kolbsheim : NON à une Europe des camions !

Mardi 18, on nous prévient en soirée que le député France insoumise, François Ruffin, avait proposé à « Alsace nature » de nous apporter son témoignage et soutien de député de la république … le lendemain matin en se rendant à Strasbourg devant le Tribunal Administratif où plaidaient les avocats sollicités par l’association. Puis, dès midi à Kolbsheim, pour y tenir une « commission d’enquête officieuse et décentralisée ». Pour la visualiser, suivez le lien : https://www.facebook.com/FrancoisRuffin80/videos/253540478681320

(Voir notamment à partir de la 42ème minute l'intervention de notre camarade Sylvain Brousse, élu municipal PG/FI à Ostwald). Militants du PG67 ou membres de GA/FI, nous avons été une petite dizaine à l’accompagner durant cette journée.

Germaine reposée accueille François impatient !

Germaine reposée accueille François impatient !

Quel message politique retenir de cette journée ?

Les trois prises de paroles devant le Tribunal Administratif, puis les auditions de citoyens devant la « Commission ad hoc » ont été édifiantes. Il en ressort principalement les conclusions suivantes :

François Ruffin devant le Tribunal Administratif

François Ruffin devant le Tribunal Administratif

Le ferroutage, vite ! Pas de GCO-aspirateur à camions.

L’argument massue censé justifier ce contournement ouest traversant plus de 300 hectares de terres des plus fertiles (et touchant à une redistribution des terres tout au long du parcours pour plus de 11000 hectares, ce qui n’est jamais divulgué !) était que cette rocade délesterait l’autoroute gratuite de l’A35 autour de Strasbourg. Donc soulagerait les contraintes de pollutions sonore et gazeuse supportées par les riverains, tout en facilitant la pénétration dans le cœur de la ville, donc diminuant la rude contrainte des bouchons quasi quotidiens.

Or l’argument ne tient pas pour qui examine la nature du trafic actuel : surtout des déplacements de véhicules locaux, pour des mouvements pendulaires nord-sud et pénétrants sur Strasbourg, largement dus à un manque d’infrastructures de transports collectifs de qualité et à prix accessible, voire gratuits comme le préconise depuis toujours le Parti de Gauche (voir sa campagne lors des municipales de 2014). En tout cas des véhicules qui n’emprunteront pas un contournement-ouest … qui n’est pas fait pour pénétrer dans Strasbourg, plus encore s’il est payant !

Certes, le trafic Nord-Sud des poids-lourds « européens » n’arrange rien, mais il n’est pas la cause première de la thrombose qui devient quasi permanente. D’ailleurs les projections de trafic post-GCO sont éloquentes : de 165.000 on passerait à 150.000 véhicules/jour sur la partie la plus chargée en 2016. Rien ne serait donc réglé, d’autant que la pollution atmosphérique resterait identique … du fait des vents d’ouest dominants qui la rabattrait sur la ville-centre. Pire, ce barreau autoroutier supplémentaire de 24 Km fonctionnera comme un « aspirateur à camion » du transit international, aggravant encore la situation dans toute la plaine. Quand on connaît l’état de surcharge actuelle des contournements de Sélestat et de Colmar, mais également celui de Mulhouse, on apprécie le progrès pour la fluidité de la circulation future … et pour la qualité de vie des riverains sur toute la traversée de la plaine d’Alsace ! C’est bien ce qu’a dit François Ruffin mercredi, devant le TA de Strasbourg puis à Kolbsheim lors de la « commission d’enquête officieuse et décentralisée » à propos de cette « Europe des camions » qu’il faut freiner et lui substituer le fret ferroviaire et, plus encore, un développement autocentré (ou « circuits courts »), tant dans les domaines manufacturier que agricole et vivier.

Fi ! Un député aux champs

Fi ! Un député aux champs

Bref, tout l’inverse de cette logique funeste du GCO, ce que relève François Ruffin par la formule ironique : « Je dis parfois qu’il faudrait mettre un camion au milieu des étoiles du drapeau européen. Les camions sont un mode de transport pas cher qui éloigne les lieux de production des lieux de consommation. Au train, on fait payer le prix du rail, c’est pour cela qu’il n’est pas compétitif. Le prix de la route est externalisé, pourtant un camion abîme la chaussée des milliers de fois plus qu’une voiture. » (François Ruffin, le 19 septembre à Kolbsheim).

Ce qu’il nous faut, c’est d’abord remettre en cause deux des principes au fondement des traités européens actuels : « la [mise en] concurrence libre et non faussée » et « le libre-échange débridé ». Nous pouvons les dénoncer d’urgence, en saisissant nos bulletins de vote lors des prochaines élections européennes (mai 2019) pour les porter sur la liste « Maintenant le Peuple ». Une liste sur laquelle figure Jean-Marie Brom qui est notre représentant de proximité pour ce combat planétaire autant que local contre ce Grand Projet Inutile (néfaste) et Imposé parmi tant d’autres. Dont aussi la fermeture de la centrale électro-nucléaire de Fessenheim qui ne cesse d’être repoussée. Et l’arrêt définitif d’un autre projet tout aussi funeste et proche de notre région, celui du centre d’enfouissement des déchets nucléaires ultimes « CIGEO » de Bure (54) !

Ensuite nous pourrons construire un tout autre projet pour la ville que ce « tout béton » enrobé dans l’asphalte envahissant. Un projet pour une ville s’articulant harmonieusement avec ses localités environnantes et dont il faut dynamiser la logique propre en promouvant la décentralisation des services publics de manière à les rapprocher des lieux de résidence des citoyens, plutôt que de les concentrer dans la « capitale », évitant ainsi de multiples déplacements difficiles.

Un projet qui dynamise des transports collectifs publics de qualité et visant la gratuité pour tout ce qui relève de la nécessité des déplacements.

Un projet qui ramène de la campagne dans une ville déjà par trop construite, et qui relie de manière égalitaire tous les bassins de vie du département, en coordination avec le département voisin et dans le même souci de cohérence interne.

 

Pour des services publics de proximité et de qualité

Un projet qui dynamise des transports collectifs publics de qualité et visant la gratuité pour tout ce qui relève de la nécessité des déplacements.

Un projet qui ramène de la campagne dans une ville déjà par trop construite, et qui relie de manière égalitaire tous les bassins de vie du département, en coordination avec le département voisin et dans le même souci de cohérence interne.

Au train où vont les déserts ce n'est pas un GCO qu'il nous faut

Au train où vont les déserts ce n'est pas un GCO qu'il nous faut

L'indignation est une force, la mobilisation se renforce

Pour l’heure, le tribunal administratif de Strasbourg a suspendu (hier jeudi) l’arrêté autorisant la coupe de 30 arbres entre Pfulgriesheim et Pfettisheim, dans le cadre des travaux du GCO. Mais il n’a pas suspendu l’arrêté préfectoral mettant en compatibilité le Plan Local d’urbanisme (PLU) de Brumath avec la construction de l’échangeur au nord avec l’A4 et l’A35. Ce qui reposera ultérieurement la question d’un échangeur à Vendenheim, en liaison directe avec le tracé de l’éventuel GCO.

 

Quant au recours en référé déposé par Alsace nature sur le décret préfectoral autorisant les travaux (dont ceux touchant la forêt du Krittwald, dont une bonne partie a déjà été détruite depuis le lundi 11 septembre), les conclusions du TA doivent être connues mardi prochain, le 25 septembre.

 

En tant que Parti de Gauche, membre de l’espace politique de la France Insoumise, dans la droite ligne de l’action politique de nos député.e.s à l’Assemblé Nationale et de nos futurs députés européen.ne.s, nous nous déclarons fermement :

 

CONTRE l'Europe des camions et du libre-échange débridé... aux seules fins de l'enrichissement des tenants du grand capital industriel et "bâtisseur", et de l'oligarchie financière.
 

POUR une agriculture paysanne, biologique et de proximité, en satisfaisant les besoins premiers des citoyens et en sauvegardant la qualité de leur environnement écologique, social et culturel...

 

 

Reprenons les paroles de François Ruffin pour conclure de manière optimiste et combative : « Ne baissez pas les bras. Parfois, les victoires surgissent au moment où on s’y attend le moins. Cette bataille, vous pouvez la gagner. » (mercredi matin, devant le Tribunal Administratif de Strasbourg)

Une Alsace sans GCO serait un premier pas vers cet "autre monde"

Une Alsace sans GCO serait un premier pas vers cet "autre monde"

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