La santé, un enjeu de société.

Publié le par Guy Desportes

Avec l'épidémie du COVID les inégalités s'accroissent et nous assistons à une explosion de la précarité, renforçant les tendances à l’œuvre dans la société française.

Pourtant, la politique gouvernementale vise à limiter la casse sociale sans s'attaquer à la racine des problèmes et apporter des solutions pérennes. Un simple aperçu des sommes inscrites dans le plan de relance donne une image des priorités du gouvernement :  sur les 100 milliards engagés. moins de 800 millions d'euros sont dévolus à l'aide pour les plus précaires !

Certes, les collectivités locales tentent d'apporter des solutions "de rechange", comme les Maisons urbaines de santé à Strasbourg, palliant les choix politiques désastreux des gouvernements successifs sous les présidences de Nicolas SARKOZY et François HOLLLANDE. Cependant, ces initiatives ne sont pas à la hauteur des enjeux qui nécessitent de mobiliser massivement les moyens de l’État.

La santé, un enjeu de société.
A moyen terme,une offre de soins sous tension.

Avec 172 médecins généralistes pour 100 000 habitants en 2018, le département du Bas-Rhin se situe dans le haut du tableau, la moyenne nationale est de 151 médecins. Il faut savoir que la fourchette va de 94 médecins dans l’Eure à 248 médecins dans les Hautes-Alpes, toujours pour 100 000 habitants.

Une analyse plus poussée permet cependant de mettre en lumière les défis qui sont à relever pour le futur. Regardons, notamment, si l'égalité d'accès aux soins est assurée sur l'ensemble du territoire du Bas-Rhin ou, dit autrement, s'il n'y aurait pas des déserts médicaux où des fractions de la population ne connaitraient qu'un accès limité aux soins. En effet, avec plus de 100 000 suppressions de lits en 20 ans en France cette interrogation est fondée.

L'indicateur  "APL" : mieux rendre compte des disparités d'accès aux soins

L'indicateur « Accessibilité Potentielle Localisée » (APL) permet de rendre compte des disparités territoriales. Il tient compte en effet de l’offre et de la demande issue des territoires environnants. Calculé à l’échelle communale, l’APL met en évidence des disparités d’offre de soins qu’un indicateur usuel de densité aurait tendance à masquer. L’APL tient également compte du niveau d’activité des professionnels en exercice ainsi que de la structure par âge de la population de chaque commune qui influence les besoins de soins.

L'Accessibilité Potentielle Localisée des soins en médecine générale

L'Accessibilité Potentielle Localisée des soins en médecine générale

Avec 5,1 consultations par an et par habitant, le Bas-Rhin est dans le haut du tableau. Le Haut-Rhin par exemple ne compte que 3,8 consultations par an et par habitant. La dispersion de l'APL entre les communes du Bas-Rhin est faible : le premier quartile (25 % des communes ont une APL inférieure à cette valeur:ce sont donc les communes les moins bien dotées) atteint la valeur de 3,4 et le troisième quartile 4,8 (75 % des communes connaissent donc une APL inférieure à cette valeur). Cette faible dispersion témoigne d'une bonne couverture actuelle du territoire en matière d'offre de soins.

Par contre, des tensions grandissantes sur l'accès aux soins pourraient survenir à moyen terme dans le Bas-Rhin de par l’âge moyen des médecins avec 43 % des médecins généralistes et spécialistes ayant plus de 55 ans (source : DREES 2018) et de par la hausse de la consommation de soins du fait du vieillissement de la population et de l'augmentation des maladies chroniques.

De fortes inégalités sociales et spatiales face au droit à la santé.

En rester à ce constat serait trompeur. Deux indicateurs révèlent les défis auxquels est confronté le Bas-Rhin, liés aux inégalités sociales, il s'agit de la mortalité prématurée(mortalité des moins de 65 ans) et du nombre d'enfant en surpoids.

En effet, comme le précise le Contrat Local de Santé de l'Eurométropole de Strasbourg 2015-2020, « la mortalité prématurée est en grande partie évitable puisqu’elle est directement le résultat des comportements et habitudes de vie qui, eux même, sont fortement liés à la situation sociale des populations ». Avec ce constat alarmant : « ce qui caractérise tout particulièrement le territoire de l’Eurométropole, ce sont les écarts extrêmement importants de mortalité prématurée que l’on peut y observer. Ainsi, à Strasbourg la mortalité dépasse de 17% celle de l’ensemble de l’Alsace et la situation est encore plus défavorable à Schiltigheim où la mortalité est supérieure de 55% à la moyenne régionale. À l’opposé la mortalité prématurée est particulièrement faible dans certaines des communes de la périphérie de l’Eurométropole. Aucun autre territoire de la région ne présente de tels contrastes en matière de mortalité prématurée »

Le surpoids des enfants : un indicateur éclatant dès la scolarisation en classe maternelle.

 

Autre indicateur édifiant : le nombre d'enfants de grande section maternelle en surpoids selon les écoles publiques de Strasbourg classées par quartier de domiciliation. Comme le montre le tableau ci-dessous, cet indicateur est un marqueur pertinent des inégalités sociales et territoriales, rappelant que la ville de Strasbourg se place en troisième position concernant les inégalités sociales.

La santé, un enjeu de société.

Comme le précise la synthèse du rapport d'activité 2019 de la prise en charge coordonnées des enfants obèses et en surpoids de Strasbourg, « Parmi les 401 parents des enfants de la file active pour lesquels le statut vis-à-vis de l’emploi était disponible, 39% étaient sans emploi. La catégorie socio-professionnelle la plus représentée chez les pères est celle des ouvriers (34%). Chez les mères, nous retrouvons une forte proportion de femmes sans activités professionnelle (37%) et d’employées (41%) ».

Faire passer la santé d'abord ... et pour toutes et tous !
Qui sont les casseurs ?

Qui sont les casseurs ?

Au regard des indicateurs, il apparaît que l'état de santé d'une population dépend de plusieurs déterminants qui sont d'ordre sanitaire et sociaux. L'austérité imposée par les gouvernements sous les présidences de Nicolas Sarkozy et François Hollande et la marchandisation en cours réclamé par la commission de Bruxelles plus de 60 fois, ont mis à mal le système de santé français.

Pour faire de la santé une priorité accessible pour tous, le programme de la France Insoumise, "l’Avenir en commun" propose :

- de reconstruire le service public hospitalier, favorisant la mise en place d’un parcours de soins cohérent pour les patients, entre médecine de ville et médecine hospitalière et une politique de prévention ambitieuse.

- de créer un corps de médecins généralistes fonctionnaires rémunérés pendant leurs études afin de pallier l’insuffisance de médecins dans certaines zones et dans le futur.

- de rembourser à 100 % les soins de santé prescrits pour réduire les inégalités sociales face à la maladie (rappelons que le Régime Local d'Assurance Maladie - RLAM - propre à l'Alsace et à la Moselle, pourrait être un excellent point d'appui pour le généraliser à la globalité du territoire français ... et le parfaire !).

 

La santé, un enjeu de société.
La santé pour tous : un défi social et démocratique !

A ne pas prendre la pleine mesure des défis de santé, le risque grand est de voir des franges de plus en plus importantes de la population plonger de manière irréversible dans l’insécurité sanitaire et la précarité, avec ses conséquences sociales, sanitaires et morales néfastes pour la société française et sa cohésion

Entrez avec prudence, néanmoins avec détermination !

Entrez avec prudence, néanmoins avec détermination !

Publié dans Actualités

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