Le mardi 18 octobre, ce fut un appel à la grève. Il faut le transformer en grève générale !
Macron fait de l’Etat un ennemi du peuple : ce qui reste de l'allocation chômage précarise. L’école reproduit les inégalités. L’impôt appauvrit les pauvres et enrichit les riches. Des personnes sont tuées par des policiers dans des circonstances scandaleuses. L’hôpital maltraite certains patient.es et ses soignant.es. La politique monétaire organise la pauvreté. Des lois sont injustes. La culture et le sport sont des outils de domination. Le gouvernement privatise l’exercice du pouvoir. Si la structure ne s’est pas déjà effondrée, c’est grâce à l’engagement précieux des fonctionnaires qui tentent de faire le bien commun.
L'enjeu n’est pas de rétablir notre capacité à nous reproduire (couramment appelé "pouvoir d'achat") au niveau avant inflation pour permettre la durabilité des moyens de production. L'enjeu est d’inverser la répartition inique de la richesse, produite uniquement par les travailleuses et travailleurs de ce pays, entre capital et travail. L’enjeu est de faire du travail un des moyens de prise de contrôle sur sa vie, un outil d’émancipation. Et ce premier combat doit s’opérer dans une rupture plus vaste encore avec le capitalisme. Car le capital ne se laissera pas déposséder sans avoir mobilisé l’intégralité de ses ressources, y compris celles du gouvernement de Macron. Ce dernier doit donc tomber.
Aucun partenaire ne peut partir isolé pour cette entreprise. Le combat politique doit se mener de concert avec la lutte syndicale. L’indépendance de l’un par rapport à l’autre est précieuse, mais sa fétichisation par ceux qui sont incapables de penser la société telle qu’elle est aujourd’hui, qui est étrangère à celle de 1906, fait obstacle à la lutte totale, radicale, et la rabougrit.
La grève est l'un des outils du registre de l'action politique, mais il n'est pas n'importe lequel. Elle met en lumière pour les gouvernant.es où se trouve la véritable utilité sociale : systématiquement parmi les travailleuses et travailleurs les moins bien rémunéré.es. La grève rappelle que la situation d’exploitation que les travailleuses et travailleurs subissent est seulement acheté par un salaire. Elle montre toute la fragilité sociale de la domination. Elle porte la contradiction, par la défection, aux situations de domination qui s'exercent avant et après elle. La grève générale a pour elle, l'avantage de porter la conflictualité à toutes les strates de la société qui se retrouvent soudainement orphelines de la classe laborieuse. L’emprise du capitalisme sur nos vies est totale, il conquiert petit à petit la mer, l'espace, le silence, la nuit, nos rêves, nos esprits, nos valeurs. Notre réponse doit être tout aussi totale, porter la contradiction partout pour contraindre à la réflexion jusqu’aux moindres détails de nos vies et permettre de collectivement réfléchir à la véritable valeur que nous souhaitons accorder aux choses et à nos actes. La prise de conscience fait Révolution. Nous devons inverser l’échelle collective et individuelle de la valeur. Considérer comme utile l’inutile et désirer l’indésirable. En procédant ainsi nous opérons une révolution de l’ordre en place. Alors, le rejet pour ce monde sera plus fort que la peur de subir la violence de l’ancien et l'espoir d’un nouveau monde plus fort que le confort de l’apathie.
Le peuple a la capacité d'arrêter sa propre persécution : la réussite surprise de la mobilisation du 29 septembre et le tour de force populaire de la marche contre la vie chère sont de nature à réaliser cette prise de conscience. Le pied est à présent mis dans la porte, il nous incombe de l'ouvrir toute entière.
Notre action doit se déployer partout, dans les centres de pouvoir régionaux et surtout à Paris. Le pouvoir actuel ne survit que parce qu’il est parvenu par l’expulsion des plus pauvres des centres urbains à éloigner les gouvernant.es du contrôle physique des gouverné.es. L’entreprise commencée par le baron Haussmann se parachève dans l’explosion des charges de copropriété et la « gentrification ».
Les gilets jaunes l’avaient compris, apprenons d’eux. Et faisons mieux !