Sainte Soline mars 2023, Sivens octobre 2014. Même combat, même réponse brutale du pouvoir politique, même violence, même drame.
Le rapport des observateurs (dont la LDH, le Syndicat des Avocats de France et le MRAP) présents sur le site de la manifestation ce samedi 25 mars contre les méga-bassines de Sainte Soline (Deux-Sèvres) est accablant ! Voyez la pièce ci-dessous.
Quant à Serge, le manifestant de Sainte Soline dont le pronostic vital était jusqu'ici "engagé", il n'a hélas que peu de chance de se réveiller. Le diagnostic post scanner est tombé ce matin, lundi 27 mars 2023. Si par bonheur il était possible de le "réveiller" (le sortir du coma dans lequel il a été plongé d'urgence pour "reposer" l'organisme), les lésions dont il souffre seraient irréversibles.
Nous sommes bien dans le cas tragique d’une réédition du scénario de Sivens (ZAD du Testet, Tarn, 26 octobre 2014), qui s’était conclu par la mort de Rémy Fraisse … pour finalement abandonner ce projet de barrage contesté par tous les mouvements écologistes. L'arrêté préfectoral du 04 décembre 2015 permettait de revenir à la raison, mais non de rendre la vie au jeune militant écologiste Rémy Fraisse venu là par conviction, sans la moindre intention malveillante.
Décidément, avec le Ministre de l'intérieur Gérald Darmanin et le Président de la République Emmanuel macron, les "forces de l'ordre" ne remplissent plus leur fonction républicaine de "gardiens de la paix" et leur autorité de tutelle n'apprend rien des drames qui ont précédé. De plus en plus nettement, la violence d'état vise à protégrer des intérêts bien plus matériels que ... de protéger le Peuple. En prenant cette orientation la violence d'état n'est plus légitime, au sens de Max Weber.
Communiqué du Parti de Gauche du Bas-Rhin (PG 67)
Que ce soit à Paris ou à Strasbourg notamment le 20 mars dernier, lors des manifestations contestant la contre-réforme des retraites ou encore samedi 25 mars à Sainte Soline, les unités de maintien de l’ordre font maintenant usage systématique d’une force débridée, démesurée et particulièrement violente, alors qu’elles devraient en priorité assurer la sécurité des citoyens.
A Sainte Soline, plus de 20.000 personnes ont maintenu leur légitime volonté de défiler malgré une interdiction préfectorale. Elles entendaient protester, pacifiquement mais fermement, contre les travaux de réalisation de ces « méga-bassines » qui mettent en péril les nappes phréatiques de ce département des Deux-Sèvres, à un moment où la sécheresse liée au réchauffement climatique ne permet plus de garantir leur bon renouvellement. De l’avis unanime des témoins présents, dont 8 députés de la France Insoumise et des représentants de la Ligue des Droits de l’Homme, elles se sont heurtées à des forces de police en nombre, équipement et puissance déployée disproportionnés. Lundi, le pronostic vital de l’un des manifestants grièvement blessés est toujours engagé.
Le PG 67 rejette sans équivoque les violences perpétrées lors des manifestations, qu’elles s’exercent à l’encontre des biens ou des personnes. Elles n’ont pour effet que de neutraliser la puissance de la contestation et invisibilisent les légitimes revendications des manifestants. Pour autant, nous dénonçons en premier lieu l’escalade répressive que le pouvoir politique semble adopter comme ligne de réponse aux légitimes contestations et au droit constitutionnel de manifester. C’est aux politiques de fixer avec la plus extrême rigueur et précision les règles d’action d’une police républicaine chargée d’assurer la difficile tâche de protection des citoyens dans toutes les circonstances, et particulièrement les plus délicates voire dangereuses.
« C’est toujours l’oppresseur, et non l’opprimé, qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense. » (Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté)
Strasbourg le 27 mars 2023,
Guy Desportes et Michèle Baffalio-Rudloff, Co-secrétaires départementaux du PG 67,
Jean-Claude Val et Dominique Weiss, Conseillers nationaux pour le PG 67