Elections régionales et départementales, 20 et 27 juin 2021
Le Grand'Est dans le brouillard !
A peine un mois de campagne électorale : la date de clôture de dépôts des listes est en effet fixée au 17 Mai pour les élections régionales et au 5 Mai pour les cantonales. Et la place du programme dans tout cela ?
Le double scrutin des collectivités territoriales intermédiaires (régionales par liste de 169 candidats conseillers régionaux pour le Grand'Est, départementales par binômes pour 23 cantons dans le Bas-Rhin et 17 dans le Haut-Rhin) risque fort de ne pas attirer les foules : 52% des inscrits s'étaient abstenus au 1er tour de 2015, mais au second tour 59% avaient fini par se déplacer pour voter.
Sans faire de pronostic hasardeux il serait bien étonnant que le taux de participation augmente par rapport au scrutin précédent.
La faute à qui ? Certainement pas aux électeurs, qui ont bien du mal à percevoir le paysage politique et à identifier clairement les différentes listes en présence (régionales), ou les "binômes" de chaque circonscription pour des élections "départementales" ... qui n'en sont plus !
En effet, pour ce qui concerne ces dernières, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin ont disparu et sont fondus dans la nouvelle Collectivité Européenne d'Alsace (CEA, depuis le 1er janvier 2021). Et cela a été fait contre le choix des citoyens qui s'étaient exprimés par référendum en avril 2013 (référendum sur la collectivité territoriale d'Alsace, 07 avril 2013). Déni de démocratie : une grande majorité d'élus des deux départements s'appuient sur un rapport du préfet de région Jean-Luc Marx (rapport du 20 juin 2018) pour affirmer "un véritable désir d'Alsace". Ce qui se traduit dans leur projet par la disparition des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin fondus dans la CEA, création actée par décrêt du 27 février 2019.
Résultat : les 40 "binômes genrés" (23 cantons pour le Bas-Rhin et 17 pour le Haut-Rhin) doivent se déclarer au plus tard ce mercredi 05 Mai à 16 heures ... en préfécture de Colmar.
A deux semaines de la date limite du dépôt des listes on ne voit toujours pas la lumière ... à "gôche". Et quelle place pour le programme dans tout cela ?
Face à face, un "appel inédit" qui avait eu l'opportunité de se lancer dès décembre mais qui peine à s'affirmer et un "pacte pour une région Grand'Est écologiste citoyenne et solidaire" (il fallait bien trouver une appellation englobante). Un "pacte" bricolé par ces trois dimensions au mois de mars pour contrer "l'appel" tant les tensions étaient perceptibles au sein de l'appareil "de gôche" encore majeur il y a quelques mois, tous virant au vert. Et la France Insoumise qui vient se compromettre de manière inédite en la personne d'une de ses députées (au demeurant irréprochable sur son mandat), dans ce mariage de dupes dont la seule visée visible est la "lutte des places". Rien d'inédit dans tout cela, hélas.
Un appel qui avait pourtant joué très tôt la carte "inédite" de la féminité, mais sans véritables atouts dans la partie si ce n'est la figure d'une verte ... passée au Ps, puis venue à Génération.s, malgré un passage (2 ans 3 mois et 9 jours, tout de même) au Ministère (ingrat) de la culture. Une verte mal colorée associée à une fauxcialiste qui avait pourtant bien trahi son "chef de file" au scrutin précédent en tentant de faire disparaître la liste entre les deux tours ... mais avait accepté in fine de siéger au Conseil Régional. La dernière carte surprenante de ce brelan perdant était bien celle de l'insoumise ... que l'on n'attendait pas en si inédite compagnie. Que venait-elle faire dans cette galère ... que certains rats avaient vite quittée, voyant qu'elle prenait l'eau ?
D'où ... "le Pacte" ... des loups ? Ceux-là, à coup sûr, ne manquent pas d'air. Demandez l'programme!
On aurait pu, peut-être, tenter de faire de même en région Grand'Est, non ? Nous disons bien, tenter, au moins, avec prudence et toutes les précautions que vous voulez.
Ce qui nous aurait certainement donné davantage d'entrain ... et de conviction pour participer à une campagne politique digne de ce nom. En Occitanie il semble bien que la dynamique soit tout autre !
Au lieu de cela nous, ici, avons droit à des compromis ... qui fleurent la compromission ! Peu ragoûtant en fait.
Se retrouver avec des listes qui associent des fauxcialistes, des itinérants à la recherche de la gamelle la plus prometteuse, des écologistes de la dernière heure, des localistes-régionalistes s'autodéclarant linguistiquement "de gôche" tout en prônant le fédéralisme européen, plus des individus qui ont un jour cliqué sur "FI" sans que l'on puisse être convainu de la profondeur, de la pérennité (certains sont vité passés d'une certaine liste municipale "insoumise" à un autre binôme cantonal plus verdoyant) et de la sincérité de leurs engagements. Sans compter celles et ceux qui, opportunément, sont passés d'un "appel" à l'autre, voire ont mis un pied dans chacun d'eux ...
Bref des brouets peu alléchants dans ce Grand'Est qui part à la dérive, du gigantisme ou du recentrage localiste et en passant par-dessus ce qui fut un référendum départemental double refusant la fusion de deux départements. Bref, beaucoup de mépris envers les citoyennes et citoyens.
Nous verrons bien ce qu'en pensent les électeurs mais il ne faudra pas être surpris d'une montée encore plus forte de l'abstention.